Les avortements de troisième trimestre au Québec en 2021

 

PAR CATHERINE MONGENAIS

 

Au troisième trimestre, l’enfant à naître est habituellement viable, son cœur bat, ses organes principaux sont formés, il peut vraisemblablement ressentir de la douleur, il peut reconnaître la voix de sa mère. Et pourtant, au Canada, il n’est pas illégal d’avorter – c’est-à-dire de mettre fin à la vie de cet enfant à naître – à n’importe quel moment de la grossesse, y compris, donc, pendant le troisième trimestre. La majorité des Canadiens sont contre cette pratique. Nombreux sont ceux qui ne savent même pas qu’il n’y a aucune loi contre les avortements tardifs au Canada (le seul pays démocratique à n’avoir aucune loi contre l’avortement d’ailleurs). Ainsi, apprendre que des Canadiennes se font avorter à ce stade est souvent un choc pour plusieurs. C’est normal : c’est une réalité plutôt brutale et tout à fait immorale.

 

Au Québec, où les données ne sont pas complètement disponibles au public, il y en a, en moyenne, au moins une vingtaine par année. Or, depuis la pandémie, c’est un chiffre à la hausse selon le Journal de Montréal : dans les chiffres qui ne nous sont pas cachés, on peut voir que la province est passée d’environ 20 avortements tardifs par année à 36 et que « la hausse se poursuit » cette année.

 

« 36, c’est très peu » me direz-vous peut-être, en haussant les épaules. Si on voit l’avortement comme un simple chiffre, le nombre 36 ne paraît peut-être pas très élevé en effet, sauf que je suis prête à gager que la majeure partie des gens qui hausseront les épaules n’ont jamais pris le temps de vraiment considérer ce qu’est un avortement de troisième trimestre. Le docteur Anthony Levatino (qui a pratiqué plus de 1 200 avortements) décrit une forme d’avortement tardif, en termes médicaux accessibles, ici : je vous lance le défi d’aller l’écouter. Pour résumer les propos du docteur Levatino, l’avortement de troisième trimestre par induction, c’est une piqûre de digoxine (ou de chlorure de potassium) qui est injectée dans la tête de l’enfant à naître, lui causant un arrêt cardiaque. On provoque ensuite l’accouchement et la mère donnera naissance à un enfant mort-né deux jours plus tard. Un autre exemple encore plus controversé est l’avortement par dilatation et extraction intacte (D&X), où on effectue une dilatation du col de l’utérus, pour ensuite déplacer l’enfant à naître en position de siège, on extrait alors le corps de l’enfant à naître, sauf la tête, qui reste dans l’utérus pour se faire perforer, afin d’aspirer son contenu (tuant l’enfant à naître) puis de l’extraire elle aussi. Est-ce que ça vous rend mal à l’aise de lire ces lignes ou de visionner la vidéo du Dr Levatino? Tant mieux. Parce que les avortements de troisième trimestre (et l’avortement tout court en fait) c’est malaisant : c’est même profondément troublant et dérangeant.

 

Bref, dans un pays qui se veut défenseur des droits de la personne et adepte des avancées scientifiques; par conséquent, qui est conscient de toute la science démontrant l’humanité de ces enfants à naître; il est absolument perturbant que ces avortements soient permis au Canada, peu importe leur nombre. Que ce nombre soit en train d’augmenter présente certainement quelque chose d’inquiétant, d’autant plus que 36, en comparaison à 20 cas annuels, ça représente tout de même une hausse de 80%. Pourtant, selon Le Devoir, les données portant sur l’ensemble du nombre d’avortements est à la baisse au Québec pendant la pandémie et collectivement, au Canada, il est à la baisse depuis quelques années. Pourquoi donc l’avortement tardif voit-il une augmentation de 80% au Québec? Peut-être simplement parce qu’il est maintenant plus accessible qu’avant.

 

En effet, une autre nouveauté soulignée par Héloïse Archambault dans son article, est que ces avortements ont lieu chez nous, au Canada. C’est déjà quelque chose que le gouvernement Legault souhaitait voir (une pétition s’y opposant avait été créée par Campagne Québec-vie), puisque auparavant, les avortements tardifs (à part de rares exceptions) étaient pratiqués aux États-Unis. Une femme enceinte au troisième stade de grossesse souhaitant avorter de son enfant à naître pouvait le faire, mais elle devait passer par les États-Unis, un voyage et une chirurgie commandités par la générosité des contribuables canadiens bien sûr (notons que c’est une chirurgie qui, en plus d’être troublante et inhumaine, est assez coûteuse : environ 1000 à 3000 dollars américains).

 

En raison de la fermeture des frontières, la pandémie a compliqué les choses. Au Québec, les avortements de troisième trimestre ont dû se faire localement, en changeant d’hôpital chaque fois. L’article de Mme Archambault précise également que « seulement huit médecins font ces avortements au Québec », qu’ils sont « stigmatisés » (ce constat du Collège des médecins avait aussi été rapporté par La Presse l’an dernier) et qu’il est difficile de « convaincre les hôpitaux », sans compter que « le deuil périnatal des femmes qui ont eu recours à cette IVG n’est souvent pas reconnu. » Si le personnel médical est si réticent à pratiquer ces chirurgies, c’est peut-être, d’une part, parce que l’avortement tardif n’est jamais médicalement nécessaire; d’autre part – et surtout – parce qu’on ressent sûrement un tiraillement de conscience devant l’humanité évidente de ces enfants à naître. Quant au deuil périnatal, il est naturel de ressentir un grand deuil face à la mort d’un être humain : il me semble que ce deuil-ci manifeste, une fois encore, l’humanité de cet être humain à qui on a violemment enlevé la vie.

 

Bien que l’argent des contribuables n’est plus déboursé pour faire voyager ces dames enceintes aux États-Unis, notons que les avortements de troisième trimestre (comme tous les avortements au Canada) se font malgré tout aux frais des contribuables. Ce sont alors vous et moi qui contribuons à la pratique de ces avortements tardifs locaux. Dans son Discours de la servitude volontaire, Étienne de La Boétie disait que « tant d’hommes, tant de villes, tant de nations supportent quelquefois tout d’un Tyran seul, qui n’a de puissance que celle qu’on lui donne, qui n’a pouvoir de leur nuire, qu’autant qu’ils veulent bien l’endurer, et qui ne pourrait leur faire aucun mal, s’ils n’aimaient mieux tout souffrir de lui, que de le contredire. » Je suis persuadée qu’on peut appliquer le même principe à l’avortement : si l’avortement de troisième trimestre (ou l’avortement tout court) est permis au Canada, c’est parce qu’on l’endure; c’est parce qu’on n’ose pas contredire l’état de vide juridique actuel. La voix de certains extrémistes pro-avortement, comme celle de Justin Trudeau, s’élève-t-elle avec force? Peut-elle être intimidante? Soit. Mais elle n’a que le pouvoir qu’on lui accorde. Si vous souhaitez résister concrètement et agir contre cette pratique, joignez-vous à RightNow et apprenez-en davantage au sujet du mouvement pro-vie ainsi que des moyens par lesquels vous pouvez faire toute la différence.


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